La donnée est aujourd’hui un élément clé du développement des territoires intelligents. Son exploitation permet notamment d’optimiser la performance énergétique des bâtiments publics, de renforcer la participation citoyenne et d’améliorer la prise de décision. Mais d’où vient le terme « data » et comment s’intègre-t-il dans l’évolution numérique des territoires ?
Origines et évolution du concept de donnée
Le mot « data » trouve ses origines dans les traités géométriques du Moyen-Âge, où le terme « datum » désignait une information certaine et immuable. Dès le XVIIe siècle, la donnée acquiert une dimension scientifique avec un caractère irréfutable et immédiat.
Avec l’ère du numérique, la donnée prend une nouvelle ampleur, notamment avec le Big Data, défini par trois caractéristiques essentielles :
- Volume : une grande quantité de données stockées
- Vélocité : un échange rapide en temps réel
- Variété : une diversité de sources et de formats
Initialement adopté dans la finance, le Big Data a progressivement intégré d’autres secteurs, dont les territoires intelligents, grâce à des données urbaines et environnementales.
Les différents types de données et leurs usages territoriaux
Géodata et Open Data
Les géodata sont des données géolocalisées issues de terminaux mobiles, des GPS ou de l’analyse de fréquentation des commerces. Elles permettent notamment d’optimiser l’aménagement urbain et la mobilité.
L’Open Data, quant à lui, s’inscrit dans une tradition historique : dès la Révolution française, tout citoyen pouvait demander des comptes aux agents de l’État. Ce principe a été renforcé par la loi Axelle Lemaire en 2016 en France, qui impose l’ouverture par défaut des données publiques, sauf exceptions.
Les huit principes fondamentaux de l’Open Government Data garantissent une donnée complète, accessible, traitable et libre d’utilisation, favorisant ainsi la transparence et l’innovation.
Smart data et intelligence artificielle
Les Smart Data sont des données collectées par les infrastructures intelligentes des villes (capteurs de circulation, qualité de l’air, etc.). Elles alimentent des entrepôts de données et facilitent la gestion urbaine.
L’Intelligence Artificielle (IA) exploite ces données pour améliorer la prise de décision. Cependant, elle nécessite une grande quantité d’informations pour assurer un apprentissage efficace. Des projets comme Sidewalk Labs de Google à Toronto ont suscité des controverses, en raison des implications en matière de protection des données personnelles.
L’ouverture et la gouvernance des données
L’ouverture des données repose sur des formats interopérables tels que CSV, XLS ou RDF, permettant leur exploitation par les collectivités et les entreprises.
Les données se classent selon leur fraîcheur et leur usage :
- Données froides : archivées et rarement mises à jour
- Données chaudes : fréquemment mises à jour (ex. capteurs urbains)
- Données d’intérêt général : produites dans le cadre de missions de service public et devant être accessibles
Le mode de stockage et de diffusion joue un rôle clé dans la gouvernance des données :
- Local : non communicant
- Centralisé : gestion sur un serveur unique
- API : un intermédiaire qui assure résilience et accès facilité
- Distribué (Open Data) : chaque client devient un serveur, garantissant la pérennité de la donnée
Les défis de la donnée dans les territoires
Protection et réglementation
L’essor des données urbaines pose des questions éthiques et légales. L’exemple de la reconnaissance faciale en Chine et du compteur Linky en France illustre la tension entre innovation et respect de la vie privée.
Les licences Open Data (IO et ODbL) garantissent un cadre d’usage transparent. Toutefois, l’exploitation commerciale et la protection des données personnelles restent des défis majeurs.
Self-Data et empowerment citoyen
Le concept de Self-Data, promu par le thinktank Fing et la Banque des Territoires, vise à redonner aux citoyens le contrôle de leurs données personnelles. Des kits et plateformes permettent de mieux gérer et sécuriser ces informations.
Les données sont au cœur de la transformation numérique des territoires. Leur exploitation raisonnée et éthique est un levier puissant pour des villes plus intelligentes, transparentes et inclusives. Cependant, il est crucial de garantir un équilibre entre innovation et respect des libertés individuelles. L’avenir des territoires repose donc sur une gouvernance des données efficace et responsable.
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